Les Chasseurs de Fantômes du Lac de Grand-Lieu!
Situé aux confins des frontières australes de la Bretagne, le Lac de Grand-Lieu est étonnant à bien des égards. Vastes de plus de 30 km2 malgré une très faible profondeur, ces eaux gardent encore de nombreux secrets sous leur lit. Certains y situent la ville mythique d'Herbauges, sorte de Gomorrhe locale qui aurait "coulée" au VIe siècle, d'autres parlent du géant colérique de l'Ile d'Un ou encore du cheval Mallet, monture aussi attirante que maudite. Mais laissons derrière nous ces histoires hors d'âges pour nous intéresser à un fantôme bien plus contemporain.
Depuis une vingtaine d'années, plusieurs chasseurs d'épaves sont à la recherche d'un avion de la seconde guerre mondiale tombé dans ces eaux, dernier témoignage d'une bataille aérienne qui a marqué la région.
Nous sommes à l'été 1943 et toute la "Loire Inférieur" est en territoire occupé. Les nombreuses usines, ports et chantiers navals qui parsèment l'estuaire de la Loire sont la cible privilégiée des bombardements alliés. Saint Nazaire a déjà été touché en février, avril et mai, laissant la ville à l'état de ruines tandis que la base sous-marine et l'ensemble du mur de l'Atlantique sont toujours intacts.
Le dimanche 4 juillet 1943 c'est le terminal d'aviation de Chateau-Bougon, ancêtre de l'actuel Aéroport Nantes-Atlantique, qui est désigné pour cible. Un escadron de 62 bombardiers B-17 de la 8ème Air Force est envoyé pour pilonner la position. Rapidement prévenu, un groupe de chasseurs allemands de la célèbre Richthofen part de la base de Meucon, près de Vannes, afin de les intercepter. Malgré les tirs de la DCA, les B-17 parviennent à détruire la piste et l'usine, tuant plus de 20 ouvriers.
Le combat est rude entre les rapides Focke-Wulf 190 et les lourdes forteresses volantes américaines qui tentent de repartir en direction de la côte. Un des bombardiers américains, touché non loin de Noirmoutier, se pose en catastrophe sur la plage de la Guérinière et finit sa course dans un mètre d’eau. L’équipage réussit à quitter l’avion mais sera immédiatement arrêté. Un autre B-17, dont l'un des moteurs est en flamme s'écrase à Saint Colomban.
Coté nazis, on compte aussi plusieurs pertes. Un avion s'écrase vers 11H30 dans un champs de Pont Saint-Martin. Son pilote réussira à s'en sortir et sera vu par les villageois, pleurant la perte de son engin. Le moteur et son train d'atterrissage se sont littéralement enfoncés dans le sol lors de l'impact. Ils seront redécouverts par le sympathique Jérome Batard en 2009.
Un second est déclaré, à tort, perdu en mer par ses camarades. En effet, c'est dans le lac de Grand-Lieu que des témoins le voient tomber. L'appareil mettra plusieurs jours avant de s'enfoncer dans la vase, emportant avec lui le corps de son pilote, âgé de 20 ans.
Bien qu'elle soit localisée depuis maintenant plus de dix ans, les demandes de renflouement de cette épave, considérée comme une sépulture militaire et, qui plus est, située dans une zone naturelle protégée très sensible, étaient restées lettre morte auprès des autorités locales. Il semble toute-fois qu'un diagnostique archéologique soit en cours. Les archéologues sous-marins du Ponant auraient identifié le lieu du crash et s'apprêteraient à rendre une "Photo-3D" du site immergé. Nous serons curieux de suivre ce dossier car le débat est vaste!
Faut il risquer une éventuelle pollution d'un site classé? Les exemples de catastrophes écologiques lors de la sortie de matériels militaires anciens sont malheureusement nombreux...
Doit on exhumer ce qui est légalement considéré comme une sépulture? Quand bien même est ce la tombe vide d'un "ennemi", mort il y a plus de 70 ans... Et surtout, quelle charge historiques gardent les morceaux de cet avion hors de leur contexte? Que valent ces artefacts sans volonté de les conserver, de les exploiter et de les mettre en valeur sur le moyen et le long terme?
N'hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires!
sources: http://giraudeau.pagesperso-orange.fr/, wikipedia, Asso A.R.E.A etc
