Argiotalus: Le plus vieux nantais connu.

Contrairement à sa voisine Rezé, l'Antiquité n'a livré que peu de témoignages sur le territoire nantais et, bien que cités dans "La guerre de Gaulles" de César, on ne connait presque rien des "namnètes" qui l'occupaient alors.

Etrangement c'est à plus de 900 km de chez lui, en plein territoire allemand, que fut retrouvé la trace du plus ancien nantais dont on connaisse le nom.

Lors de l'agrandissement d'une porte de la ville de Worms en 1666, les ouvriers sortirent des fondations plusieurs stèles funéraires romaines épargnées par le temps. L'une d'elle put étre identifiée comme étant celle d'Argiotalus, cavalier namnète du tout début de l'époque gallo-romaine.

Mais que faisait il si loin de chez lui, qui plus est dans une armée romaine? Cette pierre tombale répond à quelques-unes de nos interrogations.

Argiotalus faisait donc partie de la "Aile Indianus", elle même dépendante de la "légion XIIII Gemina". Cette unité a de reconnaissance basée à Mayence était composée d'une multitude de soldats indigènes divers et variés, enrôlés au fil des différentes campagnes militaires. Difficile de ne pas penser à la scène de la visite médicale du délicieux album '"Asterix Légionnaire"!

Vu les dates mentionnées, Argiotalus le namnète aurait pu s'enrôler en 21 ap-Jc lors de la révolte des andécaves, ancetres des angevins, que l'"Alae Inadianae" avait durement réprimé. L'histoire de l'unité est connue: après avoir combattu la tribus des trévires en Belgique, elle retourne sur la frontière Est de l'Empire pour mater de nouvelles rebellions en 31 ap-Jc avant de partir pour la Grande Bretagne en 43 ap-Jc. Le soldat gallo-breton étant mort en Germanie à l'age de 30 ans, sa naissance est donc comprise entre 0 et 13 ap-Jc. Notre nantais était donc un lointain contemporain d'un certain Jesus C. et vivait sous une même domination romaine.

Argiotalus était un simple cavalier, son épitaphe ne mentionnant pas de nom de famille. Sa stèle le montre à cheval, armes à la main. Il est indiqué qu'elle a été payé par ses héritiers, plus probablement par ses camarades de régiment. La sculpture est de qualité très moyenne, le style est presque grossier en comparaison à d'autres stèle découvertes dans la même nécropole. La quête pour inhumer le namnète n'avait pas dût rapporter autant qu'escompté...

Pauvre Argiotalus qui ne devint jamais un citoyen de Rome à part entière. Après dix ans de service militaire, il lui manquait encore 15 annuitées avant d'obtenir ses droits.

En 2014, une nécropole datant des années 30-40 ap-Jc à été découverte tout près de la place Viarme. On peut rever que Smertulitani, le père d'Argiotalus cité sur la pierre de Worms, repose peut être dans une des 80 urnes crématoires qui ont été étudié par la direction du patrimoine et de l’archéologie de la Ville de Nantes.

Traduction de l'inscription:

Argiotalus • Argiotalus Smertulitani f(ilius) • Fils de Smertulitanus Namnis t equ(es) • Cavalier namnète ala(e) • Indiana(e) • Aile Indiana stip(endiorum) • X • Soldé 10 ans anno(rum) •XXX • h(ic) • Agé de 30 ans s(itus)• repose ici e(st)(h)eredes • Ses héritiers posue runt • ont érigé (ce monument)

Merci à Sebastien Extertier!

Source: -Au temps d’Argiotalus, Nantes, Rezé et le port des Namnètes. Jacques Santrot -http://www.presseocean.fr/…/nantes-fouilles-archeologiques-…