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Les Tombeaux d'Anne de Bretagne

Le 5 janvier 1514, la reine de France se meurt dans le chateau de Blois. Usée par les multiples grossesses (1 tous les 14 mois en moyenne), atteinte de calculs rénaux, Anne de Bretagne s'éteint à l'age de 36 ans. Privilège de la dynastie capétienne, elle peut dicter la partition de sa dépouille lors de son inhumation. Son corps ira à la basilique des Rois à Saint Denis tandis que son coeur rejoindra le tombeau de son père, édifié quelques années plus tôt dans la chapelle du couvent des Carmes de Nantes.

Le précieux palpitant est placé dans un reliquaire en tôle d'or repoussée ceint d'une petite couronne. Réalisé par un orfèvre blésois anonyme, cet écrin très fragile est une merveille de méticulosité. Le texte qui le recouvre en partie est lui aussi formé de lettres d'or moulées une à une. Lorsqu'il sera ouvert une première fois en 1927, sur ordre du maire, le coeur a déjà disparu, probablement désagrégé par le temps.

Son époux, le roi de France Louix XII, se remarie moins d'un an plus tard avec Marie d'Angleterre, très jeune soeur d'Henri VIII d'Angleterre. Mais ce second mariage ne dure que quelques semaines, Louix XII meurt dans les premières heures du 1er janvier 1515, probablement de la goutte. Le mausolée qui lui est construit dans la Basilique Saint Denis accueillera également la dépouille d'Anne de Bretagne. Mais arrêtons nous quelques instants afin d'étudier plus précisément cet impressionnant édifice mortuaire.

Commandé en 1516 par son successeur,François Ier, à des artistes florentins, les frères Juste; le tombeau figure les époux royaux de deux manières distinctes. Sur la terrasse supérieure, Louis XII et Anne de Bretagne sont représentés en communiants, tous deux vêtus de riches oripeaux.

Dans la partie intérieure, le spectacle est tout autre.

Si nous connaissons tous les "gisants", ces statues nous montrant le défunt endormi en habits d'apparats, nous sommes ici face à des "transi"; littéralement une représentation consciencieuse des dépouilles le jour de leur inhumation.Les frères Juste se sont servis directement des moulages de cire réalisés après leur autopsie. Les visages sont émaciés, les points de sutures sur les poitrines sont minutieusement reproduits.

Au cours de la révolution, la basilique Saint Denis est profanée. Les dépouilles de la nécropole royale sont une à une sorties de leurs cercueils de plomb puis jetées dans une fosse et couverts de chaux vive. Le 18 octobre 1793 Louis XII et Anne de Bretagne sont sor tis de leur dernière demeure par les hommes de Germain Dom Poirier. Le mausolée, un temps menacé, sera finalement préservé.

A Nantes, le coeur en or est envoyé pour être fondu en 1792 mais, reconnu comme monument national, il est transféré au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale. Il est aujourd'hui conservé dans mes collections du musée Thomas Dobrée. Une réplique est visible au musée du Château des Ducs de Bretagne.


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