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Ce qu'il reste de Gilles de Rais

Le 26 octobre 1440 s'éteignait le redouté Gilles de Rais. Parfois mêlé au mythe de Barbe-bleue, cet ancien compagnon de Jeanne D'arc fascine encore des générations d'apprentis historiens.

Accusé de fraude, d'atteintes aux biens de l'église et surtout de multiples enfanticides, ce jeune et puissant seigneur de Bretagne fut condamné à la pendaison puis au bucher lors d'un double procès retentissant. La sentence sera accomplie à Nantes non pas sur la place publique du Bouffay mais à l'extérieur des murs, sur la prairie de la Bièsse, devenue aujourd'hui le quartier "Vincent Gache".

A la fin du moyen-âge, l'unique ligne de ponts permettant de traverser la Loire passe par une série d'iles plus ou moins urbanisées. Ce faux-bourg à moitié inondable est alors très fréquenté par les marchands, les pèlerins et tous ceux qui souhaitent rejoindre le Sud. On y trouve de nombreuses auberges, des tanneries, des boucheries, une hospitalerie et quelques chapelles.

Et c'est sur la prairie de la Madeleine, tout près de l'actuel CHU, que la famille de Gilles de Rais aurait fait ériger un monument expiatoire en mémoire de son terrible ascendant. On ne sait plus si à l'origine il s'agissait d'un calvaire mais on connait mieux la partie basse. Elle était formée de trois petites arches à l'intérieur desquelles les croyants pouvaient vénérer trois statues de la vierge Marie, Saint Lau de Coutance et de saint Gilles. Aucunes d'entres elles ne survivra à la révolution.

La statue de la vierge Marie fut vénérée jusqu'à sa disparition en 1792. Elle avait pris pour nom Notre Dame du Crée-Lait et était réputée pour aider les nourrices ayant du mal à allaiter. De nombreux voyageurs témoignent des vas et viens de ces jeunes femmes, priants le ciel pour pouvoir nourrir les enfants à charge. On y déposait du beurre, des cruches de lait et d'autres petites offrandes afin d'obtenir sa bénédiction.

Le culte de Saint Lau est habituellement observé en Anjou mais cela n'est pas vraiment une surprise. Eveque franque mort à Coutance au Ve siècle, ses restes furent transférés à Angers devant les invasions vikings. La petite chapelle dédiée à ses restes abritait aussi dans une grande croix d'or à doubles croisillons contenant deux fragments de la Sainte Croix. Gilles de Rais, proche cousin des seigneurs angevins et adorateur de reliques sacrées en tous genres ne pouvait pas ignorer son existence.

La statue de Saint Gilles quant à elle est particulièrement intéressante. Au delà de la simple homonymie, cet ermite de VIe siècle trouve un étrange écho dans l'histoire de Gilles Rais. Vivant seul dans les bois il tenta de protéger une biche, qui, acculée par un roi chasseur avait pénétré son sanctuaire. Le roi finit par abattre l'animal d'une fleche mais se fit pardonner en offrant les terres nécessaire à Saint Gilles pour batir son prieuré. Dans une autre légende, le saint fut appelé par le maire du palais de Charles Martel pour absoudre l'édile d'un terrible pêché: l'inceste! Saint Gilles s'exécuta et un ange plaça dans l'église un parchemin sur lequel était décrit le péché. Au fur et à mesure de ses prières, les traces écrites des actes du pécheur disparurent du parchemin; prouvant ainsi l'absolution.

Nul ne sait si cette protection divine à permis à Gilles de Rais d'effacer ses crimes et d'éviter les feux de l'enfer. On peut noter que son excommunication fut levée une fois son supplice terminé et que sa dépouille, contrairement à celles de ses serviteurs et complices, fut récupérée et inhumée dans la chapelle du couvent des Carmes. Là même, où quelques décennies plus tard Anne de Bretagne fit construire le célèbre tombeau de son père, François II.

Si le petit monument expiatoire de Gilles de Rais fut soustrait de ses statues après l'arrêté de 1792, sa base subsista jusqu'en 1867 dans la cour de "l'Hotel de la boule d'or". Il disparut définitivement du paysage lors de l'aménagement de la place l'Hotel Dieu.

Nous le pensions à tout jamais perdu, transformé en gravats et nous n'en connaissions jusqu'alors que quelques gravures du XIXe siècle et les descriptions laissées par d'érudits voyageurs.

Mais tout récemment le musée Thomas Dobrée nous a prouvé que les archéologues nantais de 1867 travaillaient déjà à la préservation de notre patrimoine. Presque oubliés dans les réserves du musée d'Archéologie, dorment les derniers fragments de ce petit monument par lequel on tenta d'expier les crimes de Gilles de Rais.

Ces trois petites arches font parties des très rares objets connus concernant directement le maréchal Gilles de Rais. Nous remercions grandement les équipes du musée Thomas Dobrée pour ces documents et nous permettons de vous les partager.

La figure du monstre infanticide, si souvent mêlé à Barbe-Bleue, devenu ici protecteur des nourrissons inspirerait de nombreux files d'étude.

Faut il y voir l'expression d'un mythe ancien: l'ogre qui dévore les enfants mais permet l'équilibre, comme on peut le trouver en Allemagne.

Ou est ce le souvenirs des dernières paroles présumées de Gilles de Rais, qui demandant le pardon, invita les parents à donner à leur progéniture l'éducation qui lui avait manqué?

Mais nous reviendrons plus tard sur le personnage de Gilles de Rais tant le sujet est vaste et débattu. N'hésitez pas à nous faire par de vos avis sur les réseaux sociaux!


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